dimanche 1 juillet 2007

Le mariage vu de l'Olympe

Je suis Victor un Dieu de l'Olympe facétieux et en pleine découverte des humains.

Alors qu'il caillait grave sur Olympe, c'était la méchante démotiv'. Je me suis fait un bon thé, me suis installé confortablement dans mon canapé avec un bon disque de jazz en fond sonore lorsque j'entendis un brouhaha. Cela venait de chez les humains, sont chiants tout de même. Mais en regardant dans ma loupe, me suis mis à les observer un bon moment. Comme on dit, j'ai vu de la lumière et je suis entré.

Prenez un coup de ventoline, ajustez vos monocles, je vais vous conter l'aventure de ces drôles d'humains, c'est parti.


Je vois 2 rigolos qui veulent faire un truc qu'ils appellent "se marier"; un jeune homme ébouriffé et une femme à la chevelure pleine de sang, chasse-t-elle comme Diane et serait-elle tombée la tête la première dans la biche qu'elle vient d'abattre?

On ne sait pas, elle a mis des fleurs dessus pour que ça se voit moins certainement.
Lui il porte un pantalon cape, est-il un héros comme Hercule avec des pouvoirs, peut-être va-t-il s'envoler?

Elle, elle est habillée tout en rouge. Dans l'encyclopédie sur les terriens "Tour du monde des humains et de leurs limites" que je consulte pour comprendre ce qui se passe, il est dit qu'elle devrait être "toute de blanc vêtue". Ça m'a l'air farfelu leur histoire.

Mais malgré toutes ces tares, ils ont l'air heureux les bougres!


Je les observe devant ce grand bâtiment et ses énormes portes, des bas reliefs sur le parvis, c'est pas mal, ça ressemble à l'entrée de chez mon pote Apollon, en moins bien, évidemment, on est des Dieux. Cet édifice est aussi bien vu de l'intérieur; trois grands escaliers tapissés de rouge - Je pense pas qu'Atlas rentre là dedans, mais bon.. passons - ça donne un bon ton sur ton avec la femme écarlate.

Ils arrivent dans une salle prévue spécialement pour ce genre de cérémonies et attendent un bon moment on ne sait quoi.

Le gratin du groupe est assis devant, dans de grands trônes, hauts comme deux fois ce garçon longiligne que j'ai à l'oeil, à la coiffure encore plus hirsute que celles des mariés (c'est un concours ou quoi? si c'en est un, j'ai repéré le gagnant là), pour couronner le tout il porte une tenue de garçon de café... si j'en crois les illustrations de la page "professions".

Pas très opportun dirait quelqu'un qui n'a pas vu la dégaine des autres convives!

On assiste à un mélange des genres, rencontre du troisième type entre Belle des Champs, Naruto, Matrix de la troisième mi-temps et Cendrillon version "Je suis hilare pour un rien" - Ils appellent ça le bonheur, j'apprécie l'idée mais ma vision est différente: je serais plus open cou de licorne farci et courtisanes à foison.


Retour dans la sombre "salle des mariages", où l'assistance attend toujours on ne sait quoi, heureusement que le DJ de la mairie est là pour les agacer avec une magnifique chanson lyrique qu'il portait sûrement dans son coeur, on y a eu droit deux fois. Je sais bien que quand on aime on ne compte pas (c'est de circonstance), mais je salue le geste, il fait le boulot de sape à ma place.

Une femme en tailleur Pied de Poule, qui se fait appeler "Ah-deux-joints-haut-mer" arrive dans la pièce, elle a l'air d'être assez importante car tout le monde se lève, elle remercie l'assemblée d'un regard qui signifie également "asseyez-vous bande de zozos ".

Visiblement, elle est aussi surprise que je ne l'étais une demi heure plus tôt, vu son regard effaré devant ces hurluberlus ravis.

Faut avouer qu'un Samouraï dreads et le petit chaperon rouge 20 ans après couronné de fleurs qui s'unissent pour la vie, c'est pas tous les jours.

En parlant de fleurs, connaissez vous l'histoire de la couronne fleurie?


Chez le Coiffeur-Fleuriste

Petit flash-back : La femme coquelicot s'est rendue chez le coiffeur-fleuriste (Ce genre de métier n'existe pas à Olympe) pour récupérer sa coiffe. Je les ai trouvés un peu trop joviaux, ça me fatigue, alors au moment où elle passait la récupérer, je l'ai transformée en couronne mortuaire, une toque sur quatre étages, une véritable pièce montée végétale.

Adoptant la technique du caméléon, Mme Ecrevisse prit la couleur de ses vêtements et de ses cheveux. Ayant contenu sa rage jusqu'à l'arrêt de bus le plus proche, évitant ainsi de simuler l'automne chez le fleuriste en privant violemment les plantes de leur feuillage, la rougeaude s'est emparée de la couronne, a agité ses bras en poussant des hurlements, effrayant les braves gens attendant patiemment le bus sans réagir à la pluie végétale qui les arrosait abondamment.

La rage passée, l'homme a pris la femme par la main, tandis qu'elle maudissait le fleuriste, mais le malheur disparu dix minutes plus tard quand le couple arriva devant la mairie où tout le monde constata que la couronne de fleurs ressemblait, comme voulu, aux lauriers de la victoire.


Revenons à nos moutons-presque-mariés-et-plantés devant le Gourou assermenté en lutte acharnée avec sa langue. Elle veut prononcer le nom de l'homme mais le muscle refuse de se plier à ses désirs, si bien que la représentante de la république sort un magnifique "De Rouge" sur un ton hésitant - sans doute troublée par leur communiste de mariée- patronyme que celle-ci aurait tout aussi bien pu porter.


A ma grande surprise, la maître de cérémonie demande à la femme puis à l'homme s'ils veulent bien se prendre l'un et l'autre pour époux.

Ça parait simple comme ça, mais il y a eu tout un tas de précisions comme le jour où je suis allé à L'AOPD (l'Agence Olympienne Pour la Divinité) pour poser ma candidature. Elle a énuméré tous les prénoms des deux pré-mariés. Bon courage pour le gosse, chez moi on donne les prénoms des deux parents aux enfants.

La question à laquelle il fallait répondre OUI semblait être totalement sortie des esprits de la bouclée et du barbu, vu l'expression de leur visage quand ils comprirent que tout le monde était là justement pour les entendre le dire.

Moi je comprends pas qu'on puisse encore poser des questions pareilles à un stade aussi avancé de la procédure. C'est à croire que certains humains s'amusent à remplir une tonne de formulaires, à faire des centaines d'allers-retours à la mairie pour finalement se retrouver tout foutre par terre et dire NON. C'est une histoire à coucher dehors avec un ticket de logement! Non mais des fois...

Toutes ces histoires de noms écorchés, de OUI étranglés, et tout le bazar, direction la sortie avec une escale dans les escaliers pour la photo visiblement officielle et importante, pour laquelle chacun se presse avec l'espoir d'être le plus près des tous nouveaux mariés.

La concierge de la mairie commence à s'impatienter des cinq tentatives de photo nette et fait signe qu'il faut y aller, vous êtes pas les seuls. Merde. On remballe tout, faut suivre le rythme (en fait les humains ils n'ont pas toujours besoin de nous pour se pourrir la vie, ils font ça très bien entre eux aussi).


Les convives attendent patiemment les unis-pour-la-vie, tandis qu'une jeune femme jette du riz qu'elle a pris soin d'emporter pour l'occasion. C'est qu'on est organisé sur Terre! Si bien organisé que, la veille de la cérémonie, j'ai décidé de pimenter un petit peu les évènements en passant un coup de fil au vieux Zeus. J'ai eu la chance que son sonotone soit en état de marche, il a pu décrocher son téléphone-bernique assez vite..

Accrochez-vous à votre slip, prenez une bonne bouffée d'air pur, bouclez votre ceinture, vous êtes dans la Delorean de Doc, Back To The Future.

Nous sommes jeudi 14 juin j'appelle Zeus.

Tuuut...Tuuut...Tuu

-Ouais Allô!

-Salut Zeus, c'est Victor je te dérange?

-Nan!!!

-Ah super. Tu peux me balancer deux/trois éclairs, pas mal de pluie et un peu de foudre sur Belleville pour demain? J'ai entendu parler d'une espèce de fête chez les humains et je veux écouter tranquille le disque de Django que j'ai acheté hier à la FNAD (Fédération Nationale d'Achat des Dieux)..

-Ok je fais ça.

Tuuut...Tuut...


Le lendemain, quelle ne fût ma joie en voyant Paris sous les ondées et tous ces petits humains courant partout pour sauver feuilles de vignes et autre tourtes, faisant des allers et venues de leur voiture au charcutier, du charcutier au fromager, du fromager au boulanger, et du boulanger à la voiture.

Mon plan marchait comme prévu mais le samouraï-épousé a lancé un repli immédiat des troupes à l'appartement d'un des convives, vers lequel chacune des escadrilles de sauvetage des vivres et des cadeaux pris le métro vers le loft, leur plan B, vu que le jardin public si cher au coeur de Mme lie-de-vin n'était autre qu'une gigantesque marre de boue.
Ca me fait penser à un reportage sur les humains que j'ai vu : des piscines pleines de fange dans lesquelles des filles en bikini se livrent une lutte acharnée. Je suis fan de ce truc, ça m'aurait plu de voir ça en live.
Il faudrait que j'en glisse un mot à Zeus pour qu'il soumette ce noble sport au COO (Comité Olympien Olympique). Ça devrait lui plaire.


Donc les humains détrempés mais toujours heureux se retrouvent dans cet appartement cosy du XIe, propice à la fête, dans lequel ils arrivent par petits groupes chacun apportant un peu de vivres. Je commence à me dire que ces humanoïdes ont un sens de l'organisation très développé.

Il n'y a qu'à voir ces deux jeunes gens veillant patiemment sur de petits êtres, conçus sur le même modèle que les humains. C'est peut être des humains format de poche qui se comportent et qui ressemblent le plus à des Dieux: Ils n'arrêtent pas de créer.


De l'autre coté de la cloison, les grand humains vaquent à des occupations d'humains. Ils mangent des trucs banals: de la charcuterie, du pain, du fromage, mais rien en quantité convenable, rien digne d'un Dieu - pas l'ombre d'un gigot d'hippogriffe ou d'une blanquette de sirène. C'est décevant, moi qui commençais à m'attacher à ces humains.

Tout le monde discute avec tout le monde, ça se passe bien, un peut trop à mon goût.

Heureusement tout ce ne passe pas exactement comme ils l'avaient prévu.

Les bagues, vous vous en souvenez? Celles que vous croyiez volées!

Je dis bien croyiez, car ça ne s'est pas passé exactement comme ça...


Les péripéties hilarantes des bagues

J'observais le déroulement -trop- prospère des opérations pré-mariage; les bagues , le parc (ça! c'est réglé, merci Zeus), les invités qui pètent la forme (Vulcain pourrait pas casser le pied d'un de ces bougres? je vais voir ça!)...


Comme je ne trouvais pas ça très fun vu d'en haut, je me suis mis un coup de motiv' pour leur mettre un gros coup de démotiv'.

Les bagues étaient déjà commandées, les microfilms imprimés, tout était réglé comme une horloge suisse. Je me creuse la tête à la recherche d'une idée diabolique, sur laquelle je tombe peu de temps après.

Et si je prenais comme outil le pauvre livreur? En piste!

Ce dernier voulait monter les escaliers pour les leur livrer, hop un coup de fatigue sur sa tête.

Il a l'idée de les mettre dans leur boite aux lettres, et hop je les transfère dans la boîte voisine.

J'ai pas envie de m'arrêter là quand je découvre qu'ils finissent par mettre la main dessus, hop je décide donc de les rétrécir.

Concernant l'alliance de la femme empourprée, ça n'a pas été de tout repos de réduire la taille, vu les doigts taille XXS qu'elle a, il fallait tout de même qu'on voit la bagouse, sinon c'est pas drôle.

Mais bon à la fête ils se sont tous émerveillés d'avoir des visions en regardant dedans, comme si les hallucinations c'était incroyable, qu'ils sont naïfs quand même, et de mon côté, pour gâcher la fête, j'ai encore un peu loupé mon coup, faut le reconnaître.


Dans le XIe, ça parle de la pluie et du beau temps (on parle plus de la pluie, c'est de circonstance), on va du buffet au canapé, on retombe en enfance.

Il fallait voir les yeux de l'homme velu briller à travers sa toison lorsqu'il pilotait un tout petit hélicoptère télécommandé, une connerie d'humains. Ils savent plus quoi inventer.

Moi je dis, rien ne vaut une bonne orgie bien entouré par des créatures mythiques, y'a que ça de vrai. A l'ancienne.

A propos de ripaille, il faudrait qu'ils se passent un coup de téléphone-bernique avant de faire quoi que ce soit ces humains, histoire de pas se retrouver avec 5 gâteaux au citron, parce que là si t'aimes pas le citron, t'es mal.


Le festin 100% agrume:
J'ai lu le blog de la rougeoyante et j'ai vu qu'elle voulait que ces potes humains apportent des trucs à manger, des fruits ou des gâteaux, enfin un truc du style. Et il fallait que chaque humain dise ce qu'il apportait.

En fait tout le monde s'est emmêlé les pinceaux en comprenant "gâteaux aux fruits" et c'est à se demander s'il n'y a pas un autre dieu sur le coup qui se marre avec ces humains-là: 5 desserts au citron et un l'orange!

Un record : 6 entremets saveur agrume par tête.
Manifestement, les humains de voyage n'ont pas tous "kiffé" (j'ai entendu un humain le dire) le citron.

Ils ont donc fait main basse sur des petits trucs fluo en quantité moyenne (deux kilos... c'est pas énorme), desquels ils avaient l'air friands et dont il se bâfraient allégrement à une vitesse de croisière (six bidules par minute).

Tout ça jusqu'à une heure du matin pour les plus vigoureux.

Ils ne sont pas si piteux ces humains après tout, je vais réfléchir au mariage à Olympe - ça éviterait à Zeus de galèrer en se transformant en taureau, par exemple.

Et puis finalement c'est pas si ringard contrairement à ce que prétendait mon encyclopédie "Tour du monde des humains et de leurs limites".

C'est pas tout à fait dans notre style, mais ils ont tous eu l'air, petits et grands, de trouver ça grandiose!

Les humains grandioses?

Pourquoi pas divins tant qu'on y est!

4 commentaires:

cecile a dit…

Oui, encore une fois, rebelote, je vote pour Victor. Ne serait-ce que pour les jeux de mots sur la FNAD et l'adjointe au maire, et pour la description de Jonathan jouant avec son petit hélico... Un régal ! Il commencerait pas à avoir un sacré talent le p’tit bonhomme ?

victor a dit…

Je vote pour Victor qui a la fibre journalistique (comme sa soeur) et de plus prend de la hateur pour relater sa vision de cet évènement exceptionnel s'il en est.
Pascal

Anonyme a dit…

Dis donc Victor, tu m'épates, tu m'épates, tu m'épates ! superbe ton écriture, pleine d'humour et à la fois réfléchie et détachée ... j'adore !!! Bon, ne cherche plus, tu as un don, alors exploite-le ! t'es vraiment génial ! Bisous d'une fan
Agnès Lafargue

Anonyme a dit…

Mynène dit.....
Alors là Victor, bravo!!! Je te découvre sous un autre "angle" et comme on dit, il mérite d'être connu ce petit!big bisou et quand tu veux pour un autre petit moment de bonheur;.